Entretien avec Pierre Hillard à propos de l’intervention française au Mali
Mecanopolis : Dans
votre texte, « Un plan sioniste contre le monde arabe », vous indiquez que la «
balkanisation des pays arabes » est un plan sioniste. Vous le démontrez
d’ailleurs en citant « The zionist plan for the Middle East ». Pensez-vous que
l’intervention de la France au Mali participe à l’accélération de ce
processus ?
Pierre Hillard : Suite aux événements
qui ont secoué les pays arabes depuis 2011, nous assistons à une
extension de ces troubles. Malheureusement, la France de François
Hollande continue le travail délétère de Nicolas Sarkozy. Rappelons que
notre président de la République est « Young Leader » de la Fondation
franco-américaine dont une des têtes pensantes et agissantes s’appelle
Frank Carlucci, ancien patron du groupe Carlyle très impliqué dans les
attentats du 11 septembre 2001. Ajoutons aussi que Carlucci était, entre
autres, l’ancien directeur-adjoint de la CIA. Pour arriver à la tête de
la présidence, il faut montrer patte blanche. François Hollande a
sûrement apporté des gages de fidélité. Le système a misé sur lui. Ce
dernier doit maintenant renvoyer l’ascenseur. L’intervention française
au Mali, en n’oubliant pas l’arrière-fond économique (or, pétrole,
uranium…), est la continuation logique du processus de déstabilisation
des pays arabes. Il est vrai que des mouvements islamistes fanatiques
progressaient vers le Sud du Mali. Mais nous ne devons pas oublier que
l’intervention franco-anglaise contre la Libye de Kadhafi a permis
d’armer ces rebelles qui, maintenant, se retournent contre nous. Nous
avons été pyromane et nous devenons pompier. Cette politique de
Gribouille est sans fin. Le risque est grand que ces méthodes
désastreuses ne fassent tâche d’huile et déstabilisent l’Algérie et le
Maroc. Après tout, pour les tenants du mondialisme, tout le monde doit
être à la fête.
La terminologie employée par
le ministre de la Défense, Jean-Yves le Drian, qui indiquait dès le
début de l’opération SERVAL, que la « France est en guerre contre le
terrorisme », de même que la déclaration du président Hollande, samedi
dernier lors de ses vœux à Tulle, qui n’a pas hésité à prétendre que «
les terroristes au Mali représentent un danger pour le monde entier »
n’est pas sans rappeler la dialectique de l’administration Bush au
lendemain des événements du 11 septembre 2001. La France a-t-elle un
intérêt à faire en sorte que la théorie du « Choc des civilisations »
devienne une réalité ?
PH : D’abord, rappelons les origines de
l’expression « Choc des civilisations ». C’est Bernard Lewis, Juif
anglais naturalisé américain et proche de Zbigniew Brzezinski, qui a
théorisé cette formule en 1957 dans son ouvrage « Islam ». Samuel
Huntington n’a fait que reprendre cette expression en 1992 qui a fait
florès par la suite. Lewis, acquis à l’idée de recomposer les Etats
arabes, a profondément marqué les élites dirigeantes américaines. Ce
n’est pas l’effet du hasard si le lieutenant-colonel Ralph Peters a
publié dans la revue militaire américaine AFJ, en juin 2006, une carte
du Proche-Orient balkanisée en fonction des critères ethniques et
religieux. Son auteur a pu publier son article, intitulé tout simplement
« Frontières de sang » ainsi que la carte, parce que le comité de
rédaction de cette revue militaire était en communion de pensée avec ce
genre de politique. Ajoutons que Ralph Peters dans le New York Post du
22 juillet 2006 n’hésitait pas à se déclarer pro-israélien. Précisons
que l’article d’Oded Yinon – appelant à une balkanisation des pays
arabes en 1982, en particulier en prônant l’éclatement de l’Irak en
trois zones (kurdes, sunnites et chiites), publié à l’origine dans la
revue « Kivunim » (voir les références) – obéit aux mêmes critères. En
publiant la carte du « grand Israël » avec les noms de Theodor Herzl et
du rabbin Fischmann (les sources d’origine sont indiquées en bas de la
carte) ainsi que le texte évoquant la balkanisation des pays arabes, les
membres du comité de rédaction et le rédacteur, Yoram Beck, ont
cautionné les propos brûlants de son auteur. Il serait intéressant
d’étudier les CV des dirigeants de cette revue qui doivent, il y a de
grandes chances, fréquenter les milieux sionistes. Admirons, si l’on
peut dire le texte d’Oded Yinon qui, en 1982, annonçait cette politique
de déstabilisation des pays arabes. Même en retenant cette hypothèse
absurde d’un Yinon agissant seul, on pourrait lui décerner la palme de
grand visionnaire car tout ce qui se passe depuis 2011 est conforme à
ses dires. Alors, pour répondre à votre question, il va de soi que la
France s’engage dans une politique folle en attisant le « Choc des
civilisations ». En effet, cela ne peut aboutir qu’à un chaos
généralisé. Dans la mystique maçonnique, le chaos est nécessaire pour
passer à un niveau supérieur (« Ordo ab chao » selon la formule). La
France en fera les frais. N’oublions pas que le mondialisme est un
messianisme.
Youssef al-Qardoui,
président de l’Union Internationale des Savants Musulmans (Oulémas),
ainsi que du Conseil Européen pour la Recherche et la Fatwa, de même que
le président égyptien Mohammed Morsi, ont condamné l’intervention
française au Mali. Pensez-vous que cela soit de nature à faire de la
France le nouvel ennemi de l’Islam ?
PH : Disons que cela ne va sûrement pas
arranger les choses. La France se range du côté des défenseurs d’Israël
et du sionisme. Observons qu’on est bien loin de la politique arabe du
général de Gaulle. Les événements allant en s’aggravant, la France va
être entraînée dans un tourbillon suite aux tensions croissantes entre
le monde arabo-musulman d’un côté, Israël et les organisations sionistes
de l’autre. En tant que patriote français, des dirigeants dignes de ce
nom n’ont pas à être pro ou anti-arabe comme à être pro ou
anti-israélien. Il s’agit de défendre avant tout les intérêts
économiques et militaires français et de maintenir intact sa
civilisation romaine et catholique. La vraie politique doit se faire en
fonction de ces critères. Nous en sommes loin.
Au-delà du risque
d’attentats évident sur le territoire français, craignez-vous que le
conflit malien puisse être, d’une certaine manière, importé dans
l’Hexagone, en faisant éclater des tensions déjà exacerbées par la crise
économique ?
PH : Evidemment, le risque est grand. On
oublie trop les enseignements de l’histoire. Ils montrent que la force
d’un pays réside dans son unité culturelle. La présence de populations
issues de civilisations différentes de la France n’aide pas à
l’apaisement. Quand on est acquis à la civilisation de son pays, on opte
automatiquement pour un comportement qui sert ses intérêts. Le problème
est que cet état d’esprit n’est pas celui de millions de personnes en
France comme en Europe. La colère de populations extra-européennes peut
être attisée par une minorité pour accélérer le processus conduisant à
un affrontement entre l’Occident et le monde arabo-musulman. Il va de
soi que la crise économique et financière est un merveilleux outil pour
déchaîner les haines conduisant à la guerre civile puis à la guerre tout
court.
Avec un endettement de plus
de 1900 milliards d’euros, un déficit de la balance commerciale de plus
de 70 milliards pour 2012 – alors que, dans le même temps, l’Allemagne a
réalisé un bénéfice de plus de 160 milliards -, une situation
économique proche de la faillite et un taux de chômage record, ne
pensez-vous pas que la France avait d’autres priorités que de se lancer
dans une guerre à l’issue incertaine ?
PH : En fait, nous sommes esclaves d’une
politique faite dans des cénacles anglo-américains et israéliens. Ces
milieux sont prêts à nous sacrifier peu importe la situation économique
désastreuse de la France. Le mal est trop engagé pour pouvoir faire
demi-tour et nos laquais politiciens trop vils pour se reprendre. Nous
aurons les conséquences : guerres et destructions en tout genre.
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